Mon corps est un peu ma voix. Les mots qui m’échappent, incrustés sur mes formes, savent se dévoiler, comme par réflexe. Longtemps je me souviens avoir gardé ce fameux bourdon noir dans ma gorge. Il s’est développé ici, bien caché, au chaud pendant des décennies. Je crois bien que mon âme cette
nuit-là m’a soufflé : « Laisse le s’envoler » comme si je devais cesser ce rituel, ce processus sans fin. Mon corps a réagi.

Loin de l’espace scénique traditionnel, ce projet pluridisciplinaire souhaite avant tout créer des atmosphères pouvant toucher les spectateurs au plus profond d’eux-mêmes. L’articulation d’expériences sensorielles avec l’organisation du mouvement permet de faire advenir le « corps sensible ». Celui qui danse. Immobilité, mouvements minimalistes, tourbillon de gestes furieusement saccadés, torsions et lignes, lenteur et frénésie, fluidité et épaisseur, solidité et effondrement. Autant d’opposés qui créent une ligne de tension palpable pour le public. La recherche d’une danse dépourvue d’artifices et inspirée des contradictions qui nous animent est au cœur de l’écriture de cette pièce.